L’échec fait partie de la réussite ! Et si notre regard sur l’échec changeait ? Pour cela nous devons comprendre l’échec, l’analyser, l’étudier pour le transformer. Echec vient du persan chāh, roi ; autant dire que le mot n’est pas si négatif qu’il n’y paraît ! Mais ce mot est compris comme l’antonyme de réussite, de succès par rapport à un référentiel, à une norme. Or l’échec n’est pas définitif, comme dans le jeu, le roi peut être mis en échec et sauvé ; quand bien même il y aurait échec et mat (en persan chāmat), rien n’empêche de recommencer la partie !

L’échec est la sanction « objective » d’une entreprise (ce que l’on entreprend) ou d’une expérience (ce que l’on essaie) et la réaction à l’échec est soit le fatalisme, soit la culpabilité et dans les deux cas l’échec est compris comme une faute de responsabilité. Pourtant, la faute de responsabilité ne serait pas d’avoir échoué mais serait plutôt de ne pas avoir essayé, de ne pas avoir entrepris.

Entreprendre c’est s’engager, se mettre à risque, ce qui ne signifie pas se mettre en danger mais s’affranchir de toute peur de la déconvenue ; là est le véritable dépassement de l’échec.

L’échec ne peut pas être complétement évité mais il peut être appréhendé. C’est la crainte d’échouer qui nous pousse à ne pas agir or seule l’action est créatrice. Cette absence d’engagement conduit à la non-réussite certes moins visible que l’échec mais tout aussi dévastatrice.

L’organisation de notre modèle sociétal repose sur la réussite, le  succès, la compétition, la performance, le challenge, l’évaluation, la reconnaissance, il est question de jugement à chaque étape de notre développement. Le jugement positif est un compliment, il encourage. Le jugement négatif est un blâme, il décourage.

La stratégie de la réussite est l’apanage d’un petit nombre, formé aux méthodes du dépassement de soi et doté d’un tempérament de gagnant. De même, les personnes souffrant d’une pathologie de l’échec chronique sont un tout petit nombre. La grande majorité, soit 70% des individus, sont en situation de non-réussite ou de non-échec. Les premiers échouent à réussir par peur d’une sur-sollicitation professionnelle, les deuxièmes réussissent à ne pas échouer complètement par peur d’être marginalisés s’ils ne font pas le minimum.

Les 70% des individus définis ci-dessus deviennent de fait la norme puisqu’ils sont majoritaires et cette norme devient la moyenne. Si la supériorité et l’infériorité font état de ce qui est supérieur et de ce qui est inférieur, il n’existe pas en français de « moyenneté » comme le rappelle le philosophe Alain Deneault. C’est donc le substantif médiocrité qui désigne ce qui est moyen en faisant de la médiocratie la norme ayant valeur d’autorité. Chacun évoluera donc dans ce système qui ne nuit pas à l’individu puisqu’il apporte une zone de confort mais qui impacte la performance et la rentabilité de l’entreprise dans une économie concurrentielle et mondialisée.

Sortir de sa zone de confort est une aventure périlleuse et il ne faut pas avoir peur de l’échec pour se lancer ce genre de défi ! L’aphobia (absence de crainte) peut conduire au succès à condition de connaître ses limites. Lénine écrivait en mars 1923 dans la  « Mieux vaut moins mais mieux », si cette pensée du père de la révolution bolchévique s’appliquait à la réforme de l’appareil d’Etat soviétique, elle s’applique volontiers à chacun de nous afin de mesurer notre capacité à agir en fonction de nos compétences. Il est donc nécessaire de faire prendre conscience sans notion de jugement ou de culpabilité comment nous pouvons agir pour faire mieux c’est-à-dire pour ne pas être en situation d’échec.

C’est le travail de l’échécologue, identifier et anticiper les différents obstacles qui empêchent les personnes, les équipes, les organisations d’atteindre les objectifs définis.

La réussite passe par la confiance en soi et par le respect de toute personne. De Sénèque à Hippocrate, l’homme est au cœur de l’action.

« D’abord, ne pas nuire » conseillait Hippocrate à ses élèves et pour Sénèque « C’est dans la vertu qu’est placé le vrai bonheur ». C’est donc bien l’homme qui est en jeu et il est fondamental que l’individu identifie clairement ce qui a pu le conduire à l’échec. Descartes va plus loin et parle de « l’homme généreux » comme celui « qui connait qu’il n’y a rien qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés ». L’homme généreux est donc celui qui ne manquera jamais de volonté pour entreprendre tout en reconnaissant l’éventualité de l’échec et la nécessité de l’affronter le temps de le dépasser.

L’échec est donc la face obscure du succès et la notion d’échec repose sur notre éducation. La mentalité de l’échec vs la honte du succès !

Travailler sur les raisons qui ont conduit à l’échec c’est aussi et surtout travailler sur les facteurs clés de la réussite. Mc Kinsey a défini les 7S : stratégie, Structure, Système, Staff, Style, Skills (compétences), Sharedvalues (valeurs partagées).

L’échécologie a pour but d’améliorer la rentabilité de l’entreprise mais pas uniquement ; l’échécologie c’est aussi et surtout permettre l’expression du potentiel individuel et collectif des collaborateurs.

Et vous, qu’oseriez-vous faire si vous n’aviez pas peur d’échouer ?